Le paiement une alchimie complexe
Pourtant l’essor du paiement digital ne saurait nous faire oublier que celui-ci résulte d’abord une alchimie complexe. L’écosystème des paiements qui s’est développé au fil des années est devenu sophistiqué. Il a besoin d’infrastructures, de régulations et d’autorités de supervision. Il est assis sur des mécanismes de compensation et de garanties, de systèmes d’informations et de messagerie pour adresser les différents types de transactions, de prestataires d’initiation des paiements et de tenue de compte. Il reflète aussi les exigences des distributeurs et du e-commerce dont les envies et les contraintes ont un impact sur le marché. L’écosystème a aussi besoin de standardisation internationale (ex : ISO 20022) et de traitements et contreparties spécifiques pour les transactions transfrontières. L’écosystème a besoin d’une gestion de la liquidité et de la trésorerie, de la gestion des risques, et de détection des fraudes, et de plus en plus de systèmes de traitement hautement résilients.Le marché du paiement dans sa diversité, ordonne pour sa solidité l’ensemble de ces éléments pour fonctionner les uns avec les autres. Quel est aujourd’hui le double défi de son évolution ? D’une part, la globalisation croissante des paiements et la part grandissante des transactions transfrontières. D’autre part la digitalisation des transactions avec leur impact en termes de rapidité et ses conséquences en terme d’irrévocabilité et et/de règlement-livraison entre les parties prenantes et/ou intermédiaires.
Paiements de détails : l’essor de la donnée suite au mouvement de l’open-banking
Le marché des paiements de détail a vécu un moment décisif avec la mise en place dans de nombreux pays des politiques d’Open-Banking, ouvrant l’accès aux comptes bancaires et aux informations de paiement de celles-ci à des prestataires de services régulés. En Europe, la pièce maîtresse de cette évolution est la deuxième directive des services de paiement (DSP II), adoptée en 2015 et mise en place depuis 2018.Quatre ans plus tard, le bilan de ce texte consacre la mise en donnée des paiements : Interfaces de programmation (APIs), agrégateurs de données, formats de données… Le marché des paiements de détail est devenu un ensemble de plateformes d’échanges de données structurées, traitées, échangées et pseudonymisée (chiffrées ou tokenisées) chaque fois que nécessaire.
L’authentification forte (SCA) et le mandat octroyé constituent encore des parties visibles de cette orchestration des données. Celle-ci est progressivement ordonnée autour des identités numériques des parties prenantes et prend généralement en compte une centaine de données environnant pour la détermination du risque contextuel, et la qualification de la transaction par une note de score ou un moteur d’intelligence artificielle.
En résumé, nous pouvons considérer que le mouvement de l’open-banking a consacré l’importance de la donnée au sein du paiement et ouvert la voie vers la numérisation plus générale des paiements.
Paiement mobile, innovations et digitalisation
Le paiement de détail a pris au cours des toutes dernières années un nouveau virage, encouragé par les contraintes sanitaires. Celui du paiement sans contact et à distance, le plus souvent inséré dans un service sans couture utilisé en lien avec le téléphone mobile. La transaction de paiement est réalisée via un portefeuille électronique ou une application, et parfois avec le support de la carte sans contact, de la biométrie, voire d’autres objets connectés comme des montres afin de favoris la qualité de l’expérience client et la pratique sécurisée de l’authentification.Le paiement prend un nouvel envol digital, car il est désormais traité dans la continuité d’un parcours numérique et des flux des services d’une plateforme dans le Cloud. Il est ancré dans une expérience client plus générale ou l’ensemble des facteurs sont prise en compte comme le terminal de connexion, la géolocalisation, la régularité des transactions, le montant du paiement, etc.
Si les données sont quelque peu similaires à celles considérées au paragraphe précédent, la différence avec l’Open Banking se fait dans l’insertion de l’opération de paiement dans l’expérience digitale du service client. Celle-ci devient désormais un simple point de contact et tend progressivement à s’effacer lorsque celle-ci acquiert un coté répétitif ou anodin. Le commerce physique tend également à accompagner cette tendance en proposant le ticket de caisse numérique ou le consentement à la confiance par défaut pour les petites transactions. Le paiement sans douleur voir invisible est plus profondément inséré dans l’expérience numérique du client, grâce à sa biométrie, ses données et ses appareils de proximité.
A la recherche de la monnaie numérique
Cette conquête progressive des paiements numériques n’a pourtant pas encore franchi la ligne d’arrivée. Celle-ci ne sera vraisemblablement atteinte que plusieurs années après la mise en service de la monnaie numérique des banques centrales.
En Chine celle-ci est déjà une expérience pour plusieurs centaines de millions de personnes. En Amérique et en Europe, la perspective est annoncée et les expérimentations sur la monnaie de gros sont encourageantes pour une adoption progressive d’un Dollar ou d’un Euro numérique grand public.
La monnaie en tant qu’unité de compte et de réserve va naturellement bien au-delà des fonctions du paiement. L’arrivée de la monnaie numérique est pourtant attendue comme un facteur déterminant dans l’évolution du marché des paiements. Elle s’annonce comme un nouveau facteur de bouleversement. Par exemple à l’échelle de l’Europe la question se pose de savoir comment affectera t’elle l’Espace des Paiements (SEPA) avec ses 150 milliards de volume de transaction annuel entre ses 530 millions de citoyens et 25 millions d’organisations [2] ?
Enfin la numérisation des paiements, favorise la compénétration ou l’interférence du domaine avec d’autres qui lui étaient connexes. La protection des données, la gestion du consentement, l’identification numérique, l’entrée en relation, la connaissance client et la politique d’anti-blanchiment, sont autant de domaines auparavant indépendants et qui deviennent de plus en plus imbriqués avec l’activité de paiement devenue numérique. Les acteurs du marché doivent désormais les prendre en compte et les intégrer dans leurs stratégies de paiement.
Bienvenue à l’ère du paiement numérique. Cet article a mis en relief certaines des évolutions clés du marché du paiement en soulignant les caractéristiques et conséquences de sa digitalisation croissante.
TRUSTECH qui aura lieu à Paris du 03 au 05 décembre 2024 rassemble de nombreux acteurs acteurs publics et privés, autour des sujets du paiement et des innovations. Les conférences permettront de rencontrer décideurs et prescripteurs du marché et de débattre de ses évolutions. Par exemple : infrastructures régulations et supervisions ; Open-Banking et agrégation des données ; paiement mobile, digitalisation et résilience, monnaies et actifs numériques et le futur des crypto monnaies. Les technologies les plus innovantes autour de la carte, du mobile et de la biométrie et des cryptoactifs seront exposées à l’occasion du salon.
[1]https://www.statista.com/outlook/dmo/fintech/digital-payments/worldwide?currency=USD
[2] Source World Payment Report 2021 – Cap Gemini